Vendredi 4 février 2011
Les militaires faiseurs de démocratie, c’est sans conteste ce qui est à la mode actuellement en Afrique. Le dernier cas en date est celui de l’Egypte où l’armée, contrairement à ce qu’on connaît d’elle, a décidé de reconnaître la lutte des Egyptiens mais se refuse à faire un coup de force. A la limite, elle est aujourd’hui, et sera sans doute demain la garante de la démocratie dans ce pays arabe sur lequel Hosni Moubarak a régné plus de trente ans durant.
Plus proche de nous, au Niger, il a fallu que le Général Salou Djibo et ses hommes mettent fin à la dérive de Tandja Mamadou pour qu’enfin le pays revienne sur le chemin de la démocratie. Il a fallu en plus que ce pouvoir militaire, dont l’avènement a été salué par certains démocrates, soit suffisamment fort et engagé pour mener à bien le processus de démocratisation. Puisqu’il a fallu être ferme pour que l’élection soit engagée. Car à la dernière minute, certains d’entre eux, en tout cas la grande majorité voulaient qu’on remette à plus tard la présidentielle.
Le seul argument qu’ils ont avancé est qu’ils ne sont pas prêts. Alors qu’ils ont été associés depuis le début du début du processus à l’élection présidentielle. Mieux, juste après le coup d’Etat, ils étaient les premiers à réclamer des élections dans les meilleurs délais. D’ailleurs, ils n’avaient pas suffisamment confiance à la parole de la junte. Et pourtant, les militaires étaient très au sérieux. Ils viennent de le démontrer en organisant une élection à laquelle aucun d’eux n’est candidat. Il reste donc aux politiciens qui sont payés pour cela de faire leur travail. Et bien pour le peuple nigérien.
Avant Salou Djibo, c’est un autre Général au bord du Fouta Djallon, Sékouba Konaté qu’il s’appelle qui, après avoir hérité d’un pouvoir dans des conditions très difficiles, a réussi dans les mêmes conditions à doter son pays la Guinée Conakry d’un processus électoral qui est allé jusqu’à son terme. Avec l’élection d’Alpha Condé comme président de la République.
Avant ces deux chefs d’Etat et le cas égyptien, c’est Amadou Toumani Touré au Mali qui avait donné le ton. Après avoir pris part activement au coup d’Etat qui a renversé Moussa Traoré, il a pris les rênes du pouvoir. Avec pour leitmotiv, organiser des élections démocratiques, crédibles et transparentes ; donner le pouvoir aux hommes politiques (civils) et rentrer dans les casernes. Avec brio et sans tergiversation aucune, il a réussi son processus et est rentré, comme il l’avait promis à la caserne. Alpha Omar Konaré qui a remporté la première élection démocratique libre du Mali, après avoir épuisé ses deux mandats de cinq ans chacun, lui a refilé son pouvoir.
Actuellement, il est en train d’égrener les jours de son second mandat. Au terme duquel, a-t-il encore promis, il retourne chez lui. Il aura le rang de Général qu’il est, mais également le titre d’ancien chef d’Etat chef. Après deux passages différents à la tête de son pays. Quel bonheur et quelle satisfaction ne doit-on pas avoir après un si beau parcours ? Après une si belle et grande contribution à la construction de son pays ?
Au regard des exemples ci-dessus cités, on peut dire au risque de se tromper que les militaires, connus pour les coups de force, sont finalement devenus les premiers garants des processus démocratiques. Parce que les politiciens sous nos tropiques ne savent pas sauvegarder ce pour quoi ils sont politiciens. Et cela est d’autant plus honteux que cela conforte les opinions qui disent et soutiennent même avec force que la politique est le milieu par essence du faux. Où on fait ce qu’on ne dit pas, mais où on ne fait pas ce qu’on dit. Alors que si l’armée doit être considérée comme garante de la démocratie, on n’est pas loin des coups de force à répétition.
Dabaoué Audrianne KANI
L’Express du Faso
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