Rififi au certificat inter-armes : L’avion de Wade recale 113 sergents
On souffre vraiment en silence dans les casernes. Des sergents expriment mal leurs frustrations. En effet, nombre de ces sous-officiers n’ont plus espoir en leur avenir au sein de l’Armée nationale, depuis la réduction du nombre d’admis à l’examen du Certificat inter armes de l’année dernière par les autorités militaires et étatiques. La raison : l’achat du nouvel avion du chef de l’Etat que doit supporter le budget du ministère des Forces armées. S’il y a des sous-officiers de la Grande muette qui rouspètent leur mécontentement depuis quelques mois, ce sont bien les sergents. En effet, certains parmi ces derniers butent sur un roc : celui de la montée en grade. En terme plus clair, la procédure de passage du grade de sergent à celui de sergent-chef, fustigent-ils, est entachée d’incohérences. Alors que le seul critère qui vaille officiellement est l’admission à l’examen probatoire du Certificat inter armes (Cia) avec une moyenne supérieure ou égale à 10, ces sous-officiers constatent avec amertume que cela n’a pas été le cas cette année. En effet, lors de la session 2010, qui s’est déroulée dans toutes les zones militaires du 30 août au 02 septembre, le non-respect de ce critère d’admission a suscité des frustrations chez cette catégorie de soldats qui jouent un rôle tampon entre les officiers et la troupe. En effet, dans la note de service (33 22) signée par le Chef d’état-major de l’armée de terre, le Colonel Aliou Ndiaye, 363 sur 861 candidats au Cia ont obtenu la moyenne, et sans aucune note éliminatoire conformément au règlement.
A la grande surprise des postulants au grade de sergent-chef, seuls 250 sergents ont été reçus, laissant à quai 113 de leurs frères d’armes. Le déficit budgétaire est la seule explication servie par la hiérarchie militaire, indiquent-ils. Par conséquent, le quota est revu à la baisse. Cet argument ne saurait prospérer, se désole-t-on dans certains milieux militaires. D’autant que le ministre de l’Economie et des Finances avait déclaré, lors du vote de la Loi de finances 2011 que le budget du département des Forces armées va supporter l’achat du nouvel avion présidentiel d’un montant de 20 milliards de francs Cfa. En plus, le passage au grade de sergent-chef n’a qu’une incidence financière de 10 000 francs Cfa sur le salaire. Ce qui fait croire à certains sergents que leur reclassement n’est pas une priorité pour le ministère de tutelle et l’état-major général des Armées. Dans le Procès-verbal de délibération du Cia annexé à la note de service, le colonel Saliou Ndiaye précisait que les sergent-candidats reçus par ordre de mérite et qui sont au nombre de 225 (…) «sont autorisés à suivre la phase de qualification».
DÉMOTIVATION Une décision qui traduit une deuxième diminution de 25 places par rapport au premier groupe retenu. Sauf en cas de retard, les élèves sergents-chefs ont terminé la phase de qualification, selon le document officiel, depuis le 24 octobre 2010. La formation s’étant tenue dans les zones militaires N°2 et N°7, les candidats recalés malgré leur moyenne (11 et 14,50) dénoncent ce manque de considération que les autorités manifestent à leur égard. Cette mesure du gouvernement, d’après certaines sources militaires ayant requis l’anonymat, sape davantage le moral des troupes et notamment des sous-officiers. Lorsque l’on sait que l’essentiel des postes avancés en Casamance est placé sous le commandement de sergents et de sergents-chefs. Dans ce contexte de tension, préviennent nos interlocuteurs, la démotivation inavouée pourrait porter un sacré coup quant à la conduite des opérations. Des «Jambars» - nom sénégalais donné aux soldats pour mettre en exergue leur bravoure - avancent que beaucoup de sergents n’ont plus trouvé nécessaire de passer l’examen du Cia à cause de certaines pratiques impropres qui caractérisent en général le passage d’un grade à un autre. Ils sont nombreux, indique-t-on, les soldats titulaires de diplômes qui courent derrière un avancement de droit. Cette réduction des admis au Cia, apprend-on, s’était aussi produit en 2006. Mais le Premier ministre de l’époque, Macky Sall, avait instruit l’état-major de recevoir tous les candidats ayant obtenu la moyenne. Des officiers de l’Armée invitent le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, à prendre à bras-le-corps ce problème de l’examen. Car, il y va de la motivation des troupes qui, absentes de la Casamance, ne bénéficient ni de prime de transport ni de prime de motivation. A cela, s’ajoute que l’année 2011 sera décisive en ce sens que beaucoup d’officiers et de sous-officiers vont partir à la retraite. La prolongation de leur durée de service de trois ans est arrivée à terme. Le recrutement est donc impératif.
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